Nouvelles technologies : l’avenir de la thérapie est-il dans le numérique ?

Le numérique est partout et s'invite dans les débats sur la santé. Jeux vidéo, applications, est-ce là l'avenir de la thérapie ?

Introduction

En 2018, 44 % de la population française utilisait les réseaux sociaux (1). Le chiffre est en constante augmentation. Pour ce qui est des jeux vidéo, 73 % des Français disent y jouer occasionnellement (2). Les jeux vidéo et les réseaux sociaux ont d’ailleurs dépassé notre utilisation de la télévision, qui est devenue désuète pour les nouvelles générations.

Nous pouvons passer des heures devant un écran et c’est devenu une normalité. Pourtant, nous avons aussi de plus en plus, un avis mitigé voire négatif sur ce comportement : nous pensons que passer trop de temps devant les écrans n’est pas bon pour la santé mentale et la santé physique, car nous sommes de plus en plus sédentaires.

Alors pourquoi de nombreux chercheurs se penchent-ils sur les thérapies numériques ? Y a-t-il un bénéfice à notre utilisation numérique ?

Jeux vidéo  : l’avenir de la thérapie est-il dans le numérique ?
Jeux vidéo : l’avenir de la thérapie est-il dans le numérique ?

C’est quoi le numérique ?

Le numérique est un sujet assez vaste. Afin de mieux comprendre de quoi nous parlons quand nous utilisons le terme numérique, voici une petite définition du Larousse :

Se dit de la représentation d’informations ou de grandeurs physiques au moyen de caractères, tels que des chiffres, ou au moyen de signaux à valeurs discrètes.

Le numérique traite des informations. Le synonyme de numérique est digital.

Dans le contexte de nos articles, le numérique se réfère aux jeux vidéo, aux applications de santé et de bien-être disponibles au téléchargement ainsi qu’aux réseaux sociaux. C’est-à-dire ce qui est disponible à portée de main grâce, par exemple, aux smartphones ou encore aux consoles.

Qu’est-ce qu’une thérapie numérique ?

Avant de définir ce qu’est la thérapie numérique, définissons d’abord ce qu’est une thérapie. Selon le Larousse : la thérapie est un traitement médical en général et, en particulier, psychothérapie c’est-à-dire par des moyens psychologiques.

Depuis quelques années, un terme s’est développé concernant l’utilisation du numérique en tant que thérapie, il s’agit de Digital Therapeutics (traduit par thérapie numérique). C’est l’utilisation d’outils numériques à des fins thérapeutiques (3).

Les Digitals Therapeutics (DTx) peuvent être sous la forme

  • d’un jeu d’application,
  • De la réalité virtuelle,
  • Un algorithme indépendant,
  • De jeux vidéo, etc (4)

Le but de ces services n’est pas de remplacer un accompagnement médical, mais d’apporter un soutien sous une autre forme, le digital, qui peut permettre de faire des progrès tout en utilisant une branche ludique. Tous les logiciels ne peuvent pas se déclarer comme outil thérapeutique, il faut réussir des tests cliniques.

Afin d’être reconnu comme DTx, il faut, bien entendu, faire des études et des recherches scientifiques afin de montrer les bénéfices du projet. Sans cela, c’est compliqué de le faire approuver par les instances réglementaires et par la suite de le montrer aux professionnels de la santé.

Bien qu’il n’y ait pas encore de véritable réglementation concernant les thérapies numériques, il y a pour le moment la reconnaissance comme dispositif médical de classe I ou II (5) – la classe I comprenant les dispositifs les moins dangereux pour le soignant ou le soigné comme les lèves-personne, ou encore les gants d’examen, et la classe II regroupant des dispositifs comme les tubes de trachéotomie, les aiguilles pour seringue, les thermomètres, les oxymètres, ou encore les préservatifs masculins -. Malgré cette recconaissance, rien ne permet d’être remboursé par la sécurité sociale ou prescrit pour le moment.

Les thérapies numériques vont pouvoir traiter plusieurs sujets comme :

  • la douleur,
  • la perte d’équilibre,
  • l’hyperactivité,
  • le trouble de l’attention, etc

De nombreuses recherches sont en cours pour créer de nouvelles applications, des jeux vidéo sur différents troubles. C’est un marché en plein essor.

La psychothérapie par médiation numérique ?

De nombreux thérapeutes se servent de médiation afin d’aider les patients à avancer dans la thérapie. C’est la psychologue britannique Mélanie Klein qui commence à utiliser les objets comme médiation avec les enfants, en mettant à disposition des jouets. Certains psychologues ont donc décidé de moderniser cela et d’utiliser la médiation par le jeu vidéo. Cette pratique a commencé vers la fin des années 90, des psychologues ont décidé de tester cette méthode dans le cadre de psychothérapie avec des enfants et des adolescents. Michaël Stora, psychologue et psychanalyste, mais aussi François Lespinasse, psychologue, sont tous deux des pionniers de la thérapie avec les jeux vidéo.

La médiation thérapeutique permet à ceux qui n’ont pas les capacités et les compétences de parler d’eux même, d’utiliser un objet tiers pour aborder l’histoire du sujet, les contenus refoulés ce qui créent les symptômes. Le jeu vidéo à travers ses choix, ses affrontements, l’incarnation de l’avatar qui est un double de soi, va permettre de dire quelque chose et d’affronter. Le jeu a en lui-même, une vocation thérapeutique.

Michael Stora, psychologue et psychanalyste

Les jeux vidéo peuvent-ils être une thérapie ?

De nombreux chercheurs se penchent sur la création de jeux vidéo dits serious games qui permettent de pouvoir faire travailler certaines zones cognitives du cerveau et ainsi agir face à différents troubles ou maladies. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les serious games peuvent être joués à tout âge.

Dans le cadre de certains troubles, comme la perte d’équilibre, certains chercheurs ont créé des jeux vidéo qui aident les patients à travailler leurs mouvements. Les patients vont pouvoir jouer à un jeu vidéo qui va leur demander de marcher, de se déplacer en fonction de ce qu’il y a à l’écran. Le jeu, bien que ludique, va vraiment permettre d’aider les patients à travailler leur équilibre.

Les jeux vidéo, par les actions qu’ils nous font faire, par leur répétition, leur réflexion, participent à faire travailler nos cellules grises tout en s’amusant.

Ci-dessous, une vidéo qui permet de voir un patient en train de travailler son équilibre grâce à un jeu vidéo conçu spécialement pour ça.

 

Les réseaux sociaux sont-ils un frein à la thérapie ?

Les réseaux sociaux sont très présents dans notre vie et tout porte à croire que c’est plutôt négatif : nous pouvons y passer trop de temps, ils créent de l’anxiété…, mais il est aussi possible d’y réaliser des actions positives et bénéfiques pour nous-même : rencontrer d’autres personnes, suivre des pages et des comptes sur nos intérêts et passions, accéder à plein d’informations différentes.

Ci-dessous, une vidéo sur l’impact de réseaux sociaux sur la santé mentale.

Bien que les réseaux sociaux ne fassent pas partie des thérapies numériques comme décrit précédemment, il semblerait qu’il y a ait un véritable engouement pour le partage d’expérience. Ce partage d’expérience peut permettre de se retrouver en groupe et de pouvoir s’exprimer librement sur des sujets. Certains l’associent même à une thérapie.

Depuis peu, environ le premier confinement, nous voyons apparaître des thérapeutes sur les réseaux sociaux avec notamment TikTok, c’est une nouvelle façon de parler de sujets tabous et sensibles. Les réseaux sociaux permettent de faire de la prévention, cependant, il peut y avoir différents discours et c’est compliqué de démêler le vrai du faux, de savoir si une personne est professionnelle et bien intentionnée ou pas. De plus, tous les conseils ne sont pas pour tout le monde, d’où le fait de consulter un professionnel comme les psychologues afin d’avoir une véritable aide personnelle.

Conclusion

Avec l’e-santé, nous ouvrons une nouvelle porte dans l’accessibilité au soin pour notre santé et beaucoup de personnes peuvent en profiter. De nombreuses recherches en cours et des études parlent de l’utilisation du numérique sur le cerveau et bien que l’on puisse penser au premier abord que cela est négatif, étonnamment, cela semble plutôt être le contraire. Il reste de nombreuses études à faire afin de pouvoir créer de nouvelles ressources, mais tous les précédents résultats prouvent qu’il y a du progrès qui ouvre un large choix de possibilités pour étudier et prévenir certains troubles.

Dans le cadre de la psychothérapie, la médiation par jeu vidéo permet de créer un lien entre le thérapeute et l’enfant (ou l’adolescent) en thérapie. La médiation permet de pouvoir faire parler sans franchir les limites créées.

Le numérique a donc sa place en thérapie, car il permet d’avoir accès à des données et des ressources qui peuvent faire la différence face aux exercices habituels pouvant être moins ludiques et moins amusants.

En même temps que le premier confinement, l’intérêt pour la e-Santé a explosé et l’utilisation de serious games entre autre pourrait très bien être une révolution dans le monde de la thérapie dans les prochaines années ou même les prochains moins.

A suivre donc !

Sources

  1. Fr.statista.com : L’usage des réseaux sociaux en France – Faits et chiffres, par Statista Research Department
  2. Shell.fr : L’Essentiel du Jeu Vidéo – Novembre 2021
  3. Unitec.fr : Les thérapies digitales : c’est quoi ?
  4. Lesechos.fr : Les thérapies numériques, prochaine rupture sur le marché de l’e-santé ?, par Céline Sportisse, consultante et associée d’un cabinet de conseil
  5. Alcimed.com : Thérapies Digitales – Un axe de développement de l’industrie pharmaceutique

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La technologie est utilisée en médecine, c’est bien connu. Mais les nouvelles technologies sont également utilisée dans le cadre de thérapie.

Découvrez les serious games et les digital therapeutics grâce à ce dossier sur les thérapies numériques.