Digital Therapeutics : la technologie au service de la santé

Et si une simple application disponible sur votre mobile pouvait vous aider à contrôler votre santé ? Cette partie de l’e-santé est en plein essor et de nombreuses start-up essayent de développer leurs produits et de passer la très sérieuse étape de l’obtention de la certification dispositif médical. Un chemin qui est encore compliqué, car la loi n’a pas encore assez évolué pour inclure toutes les nouvelles technologies liées à la santé. De plus, de nombreuses personnes risquent d’être sceptiques face à ces nouveaux dispositifs.

Les Digital Therapeutics (DTx) font partie de la branche des thérapies, mais sous une nouvelle forme thérapeutique. Ces thérapies ont pour différence de se faire via le numérique, c’est pour cela qu’on traduit en français par thérapie numérique. Le rôle de la thérapie numérique va être de substituer, de compléter ou d’augmenter les bénéfices d’une thérapie traditionnelle (1). Les DTx peuvent être sous forme d’applications, de jeux vidéo, de la réalité virtuelle, etc. L’accessibilité est l’un des premiers éléments de cette nouvelle branche de la santé et c’est bien bénéfique quand il peut parfois être compliqué d’obtenir des rendez-vous avec des professionnels de santé. Mais alors, que font vraiment les thérapies numériques ? Pourquoi est-ce que les thérapies pourraient révolutionner la santé ?

Est-ce que le développement de différentes DTx entraînerait la disparition des professionnels de la santé ? Non, ces thérapies n’ont pas pour but de remplacer un traitement ou un médecin, bien au contraire, c’est une thérapie qui devra être faite en accompagnement et pour la plupart des DTx, ce sont bel et bien les médecins et les professionnels de santé, qui pourront les proposer et suivre l’avancée de vos résultats.

Pourquoi cette innovation est-elle positive ?

• Cela permet de tester d’autres dispositifs que les médicaments qui peuvent être compliqués à prendre,
• Le marché est en plein essor, il y a donc de nouveaux projets, solutions en préparation. Cela permet de pouvoir faire des recherches sur des troubles, des douleurs, des maladies,
• Cela pourrait être plus accessible (grâce aux smartphones).

Quels sont les points négatifs ?

• Ces solutions ne sont pas miraculeuses, elles permettent d’aider et d’accompagner, mais pas forcément de guérir,
• C’est un long processus peu connu donc ça peut être compliqué d’y avoir accès,
• La législation n’est pas encore à jour à ce sujet-là.

De nombreuses start-up ont décidé de se lancer sur le marché de la thérapie digitale. Afin de mieux comprendre quels types de service elles peuvent proposer, voici des exemples d’entreprises qui développent des thérapies digitales.

Lucine est une jeune pousse qui a décidé de mettre au point une application qui permettrait d’aider les personnes à gérer des douleurs liées à des maladies chroniques. Le but est d’utiliser la technologie afin d’évaluer la douleur et ensuite de proposer des solutions qui puissent aider à réduire ou à calmer la douleur (2). Ce dispositif permettrait d’éviter d’utiliser trop d’anti-douleur.

Bliss digital therapeutics est aussi une entreprise qui s’est consacrée à la thérapie numérique face à la douleur. Le but est de se servir d’un casque audio et d’un casque de réalité virtuelle 3D afin de pouvoir proposer une expérience contre l’anxiété et la douleur, cela dans un environnement médical (comme les hôpitaux par exemple).

Moovcare est une application qui est certifiée (dispositif médical de classe I) et remboursée. La thérapie numérique utilise notamment un questionnaire hebdomadaire pour les patients, qui est relié à un médecin. Le questionnaire vise à détecter une récidive ou une complication pendant le suivi des personnes atteintes d’un cancer des poumons. Les essais cliniques pour cette application ont montré et prouvé qu’en utilisant cette application, il y avait une amélioration de la survie de 7.6 mois (3). Ci-dessous, une vidéo qui illustre les fonctions de l’application.

D’autres DTx, ont pour but d’aider les personnes qui ont des difficultés à s’endormir et à dormir. Il y a aussi des applications pour aider à arrêter de fumer ou pour la santé mentale. Les thérapies numériques peuvent donc aborder différents troubles, pathologies, maladies et avoir différentes fonctions.

Afin de pouvoir proposer ce service aux médecins et à des patients, de nombreuses séries de tests et d’études doivent être faites, afin de prouver les bienfaits de ce dispositif.

Pour cela, il faut obtenir un marquage CE, ainsi qu’un examen de la part de la haute autorité de santé. De plus, la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) permet aux professionnels de santé de donner un avis consultatif concernant l’utilisation du dispositif (4).

Afin de mieux comprendre ce que cela implique, voici une vidéo qui explique quels processus il faut faire pour obtenir la certification CE.

Contrairement à certains pays européens, il n’y a pas encore de législation claire pour les Digital Therapeutics. En Allemagne, depuis 2020, une loi permet aux start-up de l’e-santé de faire certifier leurs applications en fonction de leur intérêt médical et leur sécurité, grâce à un processus d’évaluation des dispositifs médicaux (DIGA) (5). Cette loi permet aussi aux caisses de maladie de rembourser les applications prescrites par les médecins (6). On peut penser qu’à l’avenir cela sera le cas, étant donné le plein essor de ce marché en France et à l’international.

Le terme digital therapeutics permet de regrouper différentes applications, des programmes, autour de la santé qui ont pour but d’aider, d’accompagner, de compléter des thérapies médicamenteuses ou psychologiques par exemple. C’est un marché en plein essor qui rentre complètement dans l’e-santé. En France, plusieurs start-up se sont lancées dans la création de thérapie digitale.

1. Alcimed.com : Thérapies Digitales – Un axe de développement de l’industrie pharmaceutique
2. Entreprendre.fr : Medtech : la startup Lucine Therapeutics veut supprimer les douleurs chroniques
3. Moovcare.com : Page d’accueil
4. Has-sante.fr : Comprendre l’évaluation des dispositifs médicaux
5. Has-sante.fr : Évaluation des applications dans le champ de la santé mobile (mHealth)- État des lieux et critères de qualité du contenu médical pour le référencement des services numériques dans l’espace numérique de santé et le bouquet de services des professionnels. Par la Haute Autorité de Santé (HAS)
6. Lesechos.fr : Données de santé : comment l’Allemagne tente d’échapper à l’emprise américaine. Par Nathalie Steiwer (Journaliste, correspondante à Berlin)