Addiction : s’en sortir seul grâce à des applications mobiles ?

Parlons d’un sujet qui peut être tabou : les addictions. Nous nous disons tous “accros” à quelque chose, cela peut être une série télévisée ou un plat, mais il n’y a pas la même gravité. En effet, il y a une différence entre un péché mignon et une addiction. Ce sujet tabou peut donc être difficile à traiter, il faut que la personne ou l’entourage de celle-ci se rendent compte afin de pouvoir éventuellement penser à demander de l’aide. Comment la santé connectée et notamment les applis de santé peuvent-elles aider ?

Tout d’abord, il faut comprendre ce qu’est une addiction. Prenons la définition de la sécurité sociale (1):

“Une addiction est une dépendance à une substance ou à une activité, avec des conséquences néfastes sur la santé de la personne affectée. Elle peut être favorisée par des facteurs environnementaux ou liés à l’individu.”

L’addiction nous fait penser aux substances psychoactives : la drogue, l’alcool et la cigarette. Nous oublions qu’une personne peut aussi être addicte à certains médicaments (comme la morphine, les amphétamines). Il existe aussi des addictions comportementales, c’est le cas des joueurs de jeux vidéo (pas tous évidemment), les joueurs de jeux de hasard et d’argent et les personnes souffrant de troubles alimentaires. Ameli précise que la cyberdépendance, les addictions au sexe, à l’exercice physique ou encore les achats compulsifs sont en étude pour rentrer dans la catégorie des addictions.

C’est l’une des premières questions que l’on peut se poser quand nous avons l’impression d’être trop tourné (parfois à l’excès) vers certaines substances ou activités.

Toujours selon Ameli (1), cela devient une addiction lorsque la consommation ou l’activité devient très fréquente et que vous ne pouvez plus la contrôler, si cela provoque même des répercussions sur votre vie sociale, c’est que cela devient dangereux.

Au niveau des symptômes, il y a ceux de type comportemental. C’est-à-dire qu’il va y avoir une perte de contrôle progressive, une impossibilité de plus en plus forte à réduire, voir à arrêter la consommation ou l’activité addictive et ce qui s’appelle le craving, une envie irrésistible de consommer alors que l’on sait que c’est inapproprié, cette envie ne peut plus se contrôler.

Il y a aussi une conséquence sociale, cela peut être un isolement, une séparation ou des problèmes financiers… Il peut aussi y avoir des conséquences médicales.

Une addiction, c’est tabou. Les personnes qui sont addictes peuvent ne pas savoir vers qui se tourner ou encore ne veulent pas forcément que les autres sachant qu’elles demandent de l’aide. Il peut être plus simple pour elle d’avoir des rendez-vous avec des professionnels de santé en ligne.

Internet peut aussi permettre de mieux comprendre son addiction, car nous pouvons lire des articles ou encore regarder des vidéos sur le sujet. Pouvoir échanger sur le sujet en utilisant un pseudonyme peut permettre de libérer la parole plus facilement, car nous nous sentons en sécurité derrière un faux nom.

Afin d’avoir une aide grâce à son smartphone, il existe des applications qui sont là pour aider à réduire et arrêter une addiction. Elles sont disponibles 24h/24h et 7j/7j à portée de main. Ces applications vont pouvoir vous indiquer depuis combien de jours, vous avez arrêté la consommation. Certaines applis peuvent même préciser le nombre d’argent économisé. Les messages d’encouragements et de félicitations peuvent aussi être un moteur dans la motivation et l’estime de soi. Parfois cela ne va pas suffire, des fumeurs vont avoir besoin de substituts, des addictes vont avoir besoin de conseils d’un spécialiste ou encore d’avoir recours à l’hypnose. (2)

Ouiquit, cette application va pouvoir vous aider pour vous analyser et vous motiver grâce à un système de victoires, d’un coach virtuel, de mini jeux ou encore l’utilisation d’une plante totem. C’est gratuit, mais il existe une version premium.

Kwit, cette application permet d’arrêter de fumer grâce à une méthode de thérapies comportementales et cognitives (TCC), cette appli dispose d’un tableau de bord personnalisé pour suivre ses progrès, ainsi que des phrases motivantes et inspirantes. Cette application est gratuite, mais dispose d’un service payant premium.

I am Sober, est une application qui permet de suivre vos jours de sobriété, elle vous rappelle les raisons de votre arrêt, elle permet de calculer combien d’argent et de temps, vous avez économisé depuis votre sobriété.

EasyQuit (compteur de sobriété), est une application qui permet d’aider à arrêter de boire, grâce à sa section motivante, ces jeux de mémoires pour distraire ou encore ses badges pour les jours de sobriété.

Stop-cannabis, est une application développée en collaboration avec le service d’Addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Cette application permet de recevoir des messages personnalisés pour vous accompagner dans cet arrêt, elle vous permet de recevoir des conseils face aux obstacles ou à l’envie de consommer.

Si vous ressentez le besoin de parler à quelqu’un, mais que vous êtes hésitant, vous pouvez télécharger une application de soutien.

C’est le cas de Soutien psy avec mon Sherpa, une application qui permet de comprendre vos besoins et personnalise un programme avec des exercices issus des techniques de thérapie cognitive et comportementale, de psychologie positive et de médiation. Le développement de cette application a été supervisé par un comité scientifique de chercheurs de la CNRS, Institut du Cerveau de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, ainsi que des experts dans l’accompagnement psychologique.

L’e-santé et notamment les applications mobiles vont permettre d’être disponible 24h/24h 7j/7j, elles vont donc être disponible pour l’utilisateur quand il en sentira le besoin. Ces applications n’ont pas pour but de remplacer les professionnels de l’accompagnement psychologique cependant, elles se révèlent intéressantes pour aider en complément d’un suivi.

Il faut toutefois rappeler qu’afin d’avoir une application personnalisée, celle-ci va analyser et stocker vos données. Cela fait partie de nombreuses critiques concernant les données privées des utilisateurs qui peuvent ou non être transmises aux médecins avec l’accord de l’utilisateur (3). L’e-santé est positive selon l’ordre des médecins, dans la relation médecin-patient, son développement pourrait donc permettre d’aider plus de personnes (4).

1. Amelie.fr : Addiction : définition et facteurs favorisants
2. Santemagazine.fr : Les 8 meilleures applications pour arrêter de fumer
3. Youthneuro.org : The Twenty-Four Hour Counselor: An Overview of Smartphone Applications to Combat Drug Addiction. Par Dhanya Mahesh (chercheuse en neuroscience)
4. L’information psychiatrique : e-santé dans la dépression : l’application mobile Bloom-up. Par Lila Mekaoui (psychiatre) et Anne-Sophie Lombardi (psychiatre)