Je suis thérapeute, Moâ !

Les moyens dont dispose un thérapeute pour guider vers la guérison. Découvrez les points clés qui permettront à votre patient d'atteindre un mieux vivre ?

Le monde actuel et ses dérives

Nous vivons dans un monde de compétition, où vouloir être meilleur, plus fort et mieux vêtu, nourrit un égo démesuré, blessé et malade, qui hypothèque l’avenir des générations futures. Dans tout ce mal-être ambiant, l’apparence, la bonne conduite, la bio attitude et la sainteté sont des addictions allaitées en ligne et réglées à coup de Paypal. Des scientifiques nous vantent les promesses de bien-être de la nouvelle méthode à la mode, la technique qui fera de vous l’être le plus aimé de la Terre.

  • C’est dangereux de vouloir être aimé par tout le monde ; ce faisant vous risquez d’être aimé par n’importe qui

Avec cette technique, « plus meilleure que » celle de la mode précédente, vous allez pouvoir rendre le monde meilleur, et offrir pour pas cher à votre voisin, votre sainte dextérité à le rendre heureux… Vous avez vraiment de drôles de voisins ! Nous sommes du même quartier ?

Dans un monde aussi rude que le nôtre, où le bandeau tv de BFM vomit à longueur de journée misères et horreurs à l’infini, toutes les promesses de justice suscitent des Sauveurs à la pelle ! (Avec un léger dérapage contrôlé, je vous dirai bien que même les religions ont investi le sujet du sauveur. Je dis ça, mais je dis rien… je vais aussi éviter d’autres sujets sensibles, tous voués à notre bien-être et à notre sécurité !)

Je suis thérapeute, Moâ !
Je suis thérapeute, Moâ !

Le triangle de Karpman

En l’espace d’un stage, d’une conférence, d’un livre ou d’une formation en ligne, certains auraient l’idée de se proclamer thérapeutes. Je caricature ? L’exercice illégal de sainteté ne serait-il plus un délit ? Vous reprendriez quelques olives ? Oui vertes, je ne veux fâcher personne.

Ce jeu psychologique du triangle de Karpman, est un jeu relationnel dont vous devez en connaître les pièges et les dangers. Vous pourriez y être entrainés, ou en être vous-même prisonnier.

  • Ne jouez pas au sauveur, vous risqueriez de jouer le persécuteur ou la victime.

Ce triangle dramatique de souffrance représente 3 rôles à éviter, persécuteur, victime et sauveur. Le piège de ce jeu dans votre relation avec votre patient, c’est de réussir à jouer alternativement les trois rôles. Lorsque vous accueillez des personnes en souffrance qui vous consultent pour que vous les aidiez, certaines d’entre elles pourraient voir en vous un sauveur. C’est à vous de démontrer votre savoir être et donner la direction de la relation. Votre technique est secondaire. Vous êtes à l’écoute, et vous créez un cadre de confiance qui favorise l’expression, le lâcher prise. L’efficacité comme la normalité, sont des notions étrangères à la relation thérapeutique. Elles n’en sont pas le sujet. Se former à un outil thérapeutique, ne fait pas de vous un thérapeute. Le psychiatre suisse Carl Gustav Jung avait cette jolie formule :

  • Le moyen juste, utilisé par l’homme de travers, agit de travers.

Le processus de guérison

Un thérapeute ne guérit jamais personne ; c’est l’illusion égotique du sauveur qui pense ainsi. En tant que thérapeute, vous êtes des courroies de transmission, des canaux réceptifs, de facilitateurs par lesquels les processus du vivant se mettent en mouvement. Les pratiques quelles qu’elles soient, ne sont que des outils mis en perspective par votre expérience et votre personnalité.

La guérison est un processus dont la responsabilité incombe entièrement au patient ou à la personne en souffrance ou en demande. C’est elle qui va s’emparer du support proposé pour y relier les fils de son histoire, faire du sens, et se libérer de ses enchaînements sclérosants, ou se donner les moyens d’exprimer véritablement ses désirs, ses besoins et ses aspirations.

En tant que thérapeute, vous offrez un cadre sécurisant, de respect, d’écoute, de confidentialité. Vous définissez un cadre thérapeutique dont vous êtes le garant. Votre éthique et déontologie permettent au travail de s’accomplir sereinement, tout en respectant le rythme de chaque personne. Vous n’avez aucune obligation de résultat ; vous avez juste une responsabilité totale de moyens.

Le changement vers un mieux-être ou mieux vivre, est toujours initié par la personne elle-même ; elle en est l’auteure ou la réalisatrice. C’est elle qui utilisera, ou pas, les clés proposées. Le processus thérapeutique ne fait que passer par ou à travers vous. Vos objectifs principaux sont de servir, de responsabiliser, de rendre autonome, de soutenir et favoriser l’émergence de ce qui vient, et d’accepter ce qui Est, simplement. Vous ne pouvez pas jouer le rôle du spécialiste en tant qu’aidant car la normalité n’existe pas. Chaque cas est différent, et entend être reconnu et traité comme spécial, comme un cas à part.

Gardez à l’esprit que le processus de guérison est une équation à trois inconnues :

  1. Etes-vous le bon praticien, la bonne personne pour établir ce lien de confiance ?
  2. La technique que vous proposez est-elle adaptée à cette personne ?
  3. Est-ce le bon moment, le bon rythme pour la personne ?

La sagesse chinoise nous explique que guérir c’est changer. Laissons à chacun la liberté de choisir ses changements. Laissons les choses venir, ne supposons pas, et ne concluons pas non plus. Cette même sagesse nous prévient contre ce type d’erreur :

  • Si tu tapes ta tête contre une cruche et que ça sonne creux, n’en déduis pas forcement que c’est la cruche qui est vide.

Parce que thérapeute est avant tout une histoire de relation, préférez les qualités humaines de discrétion et d’humilité, à la vantardise et aux promesses impossibles à tenir. Alors plutôt que de vous attribuer un titre, si cela vous convient, faites comme moi, préférez le terme de praticien.