Allergies alimentaires : Pourquoi l’évitement pourrait aggraver le problème ?

Et si éviter les arachides augmentait les allergies ? L'étude LEAP révèle qu’une introduction précoce pourrait prévenir ce risque.

Introduction

Les allergies alimentaires, comme celle aux arachides, inquiètent de nombreux parents. Pendant des années, on a cru que les éviter était la meilleure solution. Mais une étude majeure, appelée LEAP, montre que cette stratégie pourrait en fait augmenter le risque.

Voici pourquoi, avec des exemples concrets et des explications simples.

Pourquoi éviter les arachides pourrait aggraver l’allergie ?
Pourquoi éviter les arachides pourrait aggraver l’allergie ?

Les anciennes recommandations remises en question

Avant, les experts pensaient qu’éviter certains aliments protégeait les bébés des allergies. En 1998 au Royaume-Uni et en 2000 aux États-Unis, les médecins conseillaient de ne pas donner d’arachides aux nourrissons à risque. On demandait même aux mamans d’éviter ces aliments pendant la grossesse et l’allaitement. L’idée était simple : pas d’exposition, pas d’allergie.

Mais ça n’a pas marché. Les études ont montré que supprimer ces aliments n’empêchait pas les allergies. Pire, leur nombre a grimpé. Au bout de 10 ans, les cas d’allergie aux arachides ont doublé dans les pays occidentaux. En 2008, les recommandations ont été abandonnées. On s’est alors demandé : et si éviter était le problème ?

L’étude LEAP, publiée en 2015, apporte une réponse. Elle a suivi 640 bébés à haut risque (avec eczéma sévère ou allergie à l’œuf). La moitié a mangé des arachides dès 4 à 11 mois, l’autre les a évitées jusqu’à 5 ans. Résultat : ceux qui ont évité avaient beaucoup plus d’allergies (13,7 % contre 1,9 % chez les non-sensibilisés au départ ; 35,3 % contre 10,6 % chez les sensibilisés).

Éviter n’a pas protégé. Au contraire, ça a empiré les choses semble-t-il.

Royaume-Uni vs Israël : une leçon culturelle

L’idée de l’étude LEAP est née d’une observation étonnante. Les chercheurs ont comparé des enfants juifs au Royaume-Uni et en Israël. Au Royaume-Uni, les bébés ne mangent pas d’arachides avant 1 an. En Israël, ils en consomment dès 7 mois, souvent sous forme de Bamba, une collation populaire. Résultat : le risque d’allergie était 10 fois plus élevé au Royaume-Uni.

Pourquoi cette différence ? Les habitudes alimentaires semblent jouer un rôle clé. En Israël, les arachides font partie du quotidien tôt. Au Royaume-Uni, on les tient à distance. L’étude LEAP a testé cette piste. Elle a montré que manger des arachides tôt habitue le corps à les accepter. Éviter, comme au Royaume-Uni, laisse le système immunitaire sans défense face à une exposition accidentelle, souvent par la peau (via l’eczéma, par exemple).

La fenêtre d’opportunité : 4 à 11 mois

L’étude met en lumière un moment précis : entre 4 et 11 mois. C’est là que le système immunitaire peut apprendre à tolérer les arachides. Dans LEAP, les bébés qui ont commencé à en manger à cet âge ont eu beaucoup moins d’allergies à 5 ans. Après 11 mois, cette « fenêtre » semble se fermer. Le corps devient plus sensible, et le risque d’allergie grimpe.

Pourquoi si tôt ? Les chercheurs parlent de tolérance orale. Donner des arachides par la bouche à ce stade apprend au corps à ne pas les rejeter. Si on attend trop, une exposition par la peau (comme chez les bébés avec eczéma) peut déclencher une réaction allergique au lieu d’une protection.

Les limites de l'étude

Bien que l’étude LEAP ait fourni des résultats significatifs sur la prévention de l’allergie aux arachides, elle présente plusieurs limites.

Elle s’est concentrée exclusivement sur des nourrissons à haut risque, présentant un eczéma sévère ou une allergie à l’œuf, ce qui limite l’applicabilité des conclusions aux bébés sans ces conditions.

De plus, les nourrissons ayant des papules supérieures à 4 mm lors du test cutané initial ont été exclus, laissant incertaine l’efficacité et la sécurité de l’introduction précoce chez ces enfants potentiellement déjà allergiques.

L’absence d’un groupe placebo constitue une autre faiblesse, bien que l’utilisation de défis alimentaires oraux comme critère principal ait permis d’atténuer cet effet.

Réalisée dans un seul centre au Royaume-Uni, l’étude pourrait ne pas refléter les variations liées à d’autres contextes géographiques ou culturels.

Enfin, l’adhérence au régime a été évaluée par des questionnaires et des échantillons de poussière collectés uniquement en fin d’étude, sans données intermédiaires, ce qui pourrait réduire la précision du suivi de la consommation d’arachides tout au long de l’essai.

Que retenir ?

L’étude LEAP révolutionne notre regard sur les allergies alimentaires : éviter les arachides peut, contre toute attente, accroître le risque d’allergie chez les bébés à haut risque. Les contrastes entre le Royaume-Uni et Israël révèlent une vérité simple : nos choix alimentaires façonnent l’avenir. Et le bon moment pour agir, c’est entre 4 et 11 mois.

Attention toutefois : ne donnez pas d’arachides à votre enfant sans précaution. Eczéma sévère ou allergie connue ? Consultez d’abord un médecin. L’évitement, longtemps prôné, n’est plus la réponse évidente. La science l’affirme : une introduction précoce et supervisée pourrait prévenir les allergies.

Un conseil ? Agissez tôt, mais agissez bien. Parlez à votre pédiatre pour bâtir la meilleure stratégie pour votre enfant.