Alcool & drogues : un lien surprenant avec les grossesses non désirées
Une étudie observe les liens entre alcool, drogues et grossesses non planifiées. Et l'un d'entre eux est étonnant !
Introduction
La consommation d’alcool et de drogues est un sujet qui préoccupe les experts de santé publique, surtout lorsqu’il s’agit des femmes en âge d’avoir des enfants. Une étude récente, réalisée dans le sud-ouest des États-Unis, a exploré les liens entre l’usage excessif d’alcool, la consommation de drogues comme le cannabis, et le risque de grossesses non désirées.
En France, où environ 30 % des grossesses ne sont pas planifiées, ces découvertes résonnent particulièrement. Vous le verrez, les résultats sont parfois surprenants et révèlent des relations complexes entre ces comportements et les intentions de grossesse.
Dans cet article, nous vous expliquons ces découvertes de manière claire et simple, tout en vous donnant des conseils pratiques pour mieux comprendre leurs impacts sur votre vie.
L'étude
L’étude Alcohol and drug use and attainment of pregnancy preferences in the southwestern United States: A longitudinal cohort study, que l’on pourrait traduire par « Consommation d’alcool et de drogues et réalisation des intentions de grossesse dans le sud-ouest des États-Unis : une étude de cohorte sur le long terme », a été menée par Sarah Raifman, Sarah C. M. Roberts et Corinne H. Rocca.
Publiée en 2025 dans la revue Addiction, elle suit un groupe de femmes non enceintes pour analyser le lien entre usage de substances et risque de grossesse non désirée.
L’étude est toujours en cours : les chercheuses continuent de suivre les participantes pendant leur grossesse, afin d’évaluer si les comportements à risque persistent et s’ils peuvent affecter le développement du fœtus.
À noter : Cette étude a été financée par deux instituts publics américains – le NICHD (Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health and Human Development) et le NIAAA (National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism) – et une fondation privée (Susan Thompson Buffett Foundation). Bien que ces organismes n’aient pas participé à l’analyse ou à la rédaction de l’étude, certains ont des orientations fortes – en particulier le NIAAA, parfois critiqué pour ses liens passés avec l’industrie de l’alcool, et la fondation Buffett, engagée de longue date en faveur du droit à la contraception et à l’avortement. Ces éléments ne remettent pas en cause la qualité scientifique de l’étude, mais méritent d’être mentionnés pour mieux comprendre son contexte.
L'alcool : un risque accru pour les grossesses non désirées
L’étude met en évidence un lien troublant entre la consommation excessive d’alcool et les grossesses non planifiées, surtout chez les femmes qui ne veulent pas tomber enceintes.
Voici ce qu’il faut savoir :
- Un effet paradoxal : Les femmes qui boivent beaucoup expriment souvent une volonté ferme d’éviter une grossesse. Pourtant, elles ont 1,5 fois plus de chances de vivre une grossesse non désirée que celles qui boivent peu ou pas du tout. Pourquoi ? L’alcool peut pousser à des comportements à risque, comme des rapports sexuels sans protection, en brouillant le jugement.
- L’alcool, une exception : Parmi toutes les substances étudiées (alcool, cannabis…), seule la consommation excessive d’alcool est clairement liée à un risque plus élevé de grossesse non planifiée. Cela pourrait venir de sa large acceptation sociale et de sa disponibilité, qui rendent son usage fréquent.
- Des résultats contradictoires à première vue : Chez les femmes moins déterminées à éviter une grossesse, boire beaucoup semble réduire le risque de tomber enceinte. Cela peut être lié à des contextes spécifiques, comme une baisse des rapports sexuels. Mais pour celles qui veulent vraiment éviter une grossesse, l’alcool augmente bel et bien le risque de tomber enceinte sans le vouloir.
Si vous consommez souvent de l’alcool et ne voulez pas être enceinte, soyez très attentive à votre contraception. L’alcool peut vous faire baisser la garde, alors mieux vaut opter pour une méthode fiable, comme un stérilet ou un implant, et une bonne communication avec votre partenaire.
Cannabis et autres drogues : des effets moins clairs
L’étude se penche sur le cannabis et d’autres substances illicites. Voici les principaux points :
- Cannabis : pas d’impact direct : Contrairement à l’alcool, le cannabis, même utilisé souvent, n’augmente pas le risque de grossesse non désirée chez les femmes qui veulent l’éviter. Étonnant, non ? Une étude (Palamar JJ, Acosta P, Ompad DC, Friedman SR. A qualitative investigation comparing psychosocial and physical sexual experiences related to alcohol and marijuana Use among adults. Arch Sex Behav. 2018; 47(3): 757–770. https://doi.org/10.1007/s10508-016-0782-7) suggère que le cannabis pourrait même réduire les comportements sexuels risqués.
- Un effet chez certaines femmes : Chez celles qui sont ouvertes à une grossesse, une consommation modérée de cannabis (pas tous les jours) semble liée à un risque plus élevé de tomber enceinte. Cela pourrait être dû à des situations sociales particulières, mais ce lien reste flou et mérite plus d’enquêtes.
- Autres drogues : peu de preuves : Les opioïdes ou autres substances illicites n’ont pas montré de lien net avec les grossesses non désirées. Cela peut s’expliquer par leur faible usage dans l’étude (seulement 3 % des participantes).
Attention ! Même si cannabis et drogues n’ont pas le même impact que l’alcool sur les grossesses non planifiées, ils peuvent affecter votre santé autrement. Si vous consommez, restez informée et prudente, surtout si une grossesse est dans vos projets ou à éviter.
Pourquoi l'alcool est-il si particulier ?
L’alcool sort du lot dans cette étude, et voici pourquoi :
- Il altère les décisions : Sous l’effet de l’alcool, il devient plus dur de dire non à un rapport non protégé ou d’utiliser correctement un contraceptif.
- Il est trop présent et à forte dose : Environ 40 % des femmes étudiées consommaient trop d’alcool. Parmi elles, 90 % pratiquent le binge drinking (au moins 4 verres en une soirée), un comportement qui peut multiplier les risques sans qu’elles s’en rendent toujours compte.
- Détection tardive : Une grossesse non désirée est souvent découverte plus tard, surtout chez celles qui boivent. Cela peut prolonger l’exposition du fœtus à l’alcool, avec des risques pour sa santé.
Si vous buvez souvent et ne voulez pas d’enfant pour l’instant, pensez à des solutions durables, fiables et efficaces. Parlez-en à votre médecin et votre gynécologue.
Que faire pour limiter les risques ?
Voici quelques conseils simples pour mieux gérer votre consommation et éviter une grossesse non désirée :
- Choisissez une contraception adaptée : Si vous buvez régulièrement, optez pour une méthode qui ne demande pas d’effort constant (stérilet, implant). Les experts suggèrent aux médecins de poser systématiquement des questions sur l’alcool en consultation gynécologique et de proposer ces options aux buveuses excessives. Si jamais votre médecin n’en parle pas, faîtes le premier pas et lancez le sujet.
- Réduisez l’alcool : Fixez-vous des limites, par exemple deux verres maximum par soirée, surtout si vous risquez des situations imprévues.
- Connaissez ses effets : L’alcool peut vous rendre moins prudente. Planifiez votre contraception ou votre retour chez vous avant de sortir.
- Renseignez-vous : Même si cannabis et drogues semblent moins problématiques dans ce cas précis, ils ont d’autres risques. Informez-vous auprès d’un professionnel si besoin.
Conclusion
Cette étude révèle un lien inattendu entre la consommation excessive d’alcool et les grossesses non désirées, surtout chez celles qui veulent les éviter.
Contrairement au cannabis ou aux autres drogues, l’alcool augmente le risque de grossesse non plannifiée chez les personnes ne souhaitant pas tomber enceinte, amplifié par sa place dans nos vies. Alors que chez les femmes n’étant pas nécessairement contre l’arrivée d’un bébé, la consommation excessive d’alcool semble réduire le risque de tomber enceinte.
Pour votre santé et votre bien-être, prenez ces risques au sérieux : limitez votre consommation d’alcool et choisissez une contraception adaptée. Ainsi, vous gardez le contrôle sur vos projets de vie, sans surprises indésirables.
Source
- Raifman S, Roberts SCM, Rocca CH. Alcohol and drug use and attainment of pregnancy preferences in the southwestern United States: A longitudinal cohort study. Addiction. 2025. https://doi.org/10.1111/add.70135